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Cameroun : Le difficile redécollage du sport-roi (13.09.2006)
Depuis près de douze ans, les spectateurs ont déserté les gradins des différents stades de football à travers le pays. Les équipes sont de plus en plus appauvries au bénéfice de leurs dirigeants. Celles engagées sur la scène continentale ne sont plus à la hauteur.
“Après avoir retrouvé un certain équilibre, sur le triple plan structurel, matériel et financier, qu’il faudra d’ailleurs consolider, notre priorité est allée vers le volet purement sportif. ” Cette prophétie de Iya Mohammed, président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), tirée de son programme de campagne pour sa réélection du 15 février 2005, tarde à se concrétiser. Toutes les formules déjà inventées par la bande à Iya ont donné de résultats peu probants. La formule du championnat national de première division à 18 clubs avait été adoptée au forceps au cours de l’Assemblée générale extraordinaire du 29 avril 2003. Cette formule a été jugée ennuyeuse par les présidents de clubs de D1.
Le football camerounais est au creux de la vague. Il manque d’animateurs voués à sa cause. Les dirigeants plus véreux que jamais, s’enrichissent sur le dos de leurs équipes respectives, en s’employant à la traite négrière des temps modernes. Vive le “ Foot-Business ”. A peine un jeune talent sait aligner trois passes qu’il est “ placé ” en Europe, en Asie, en Océanie. Le commerce des joueurs se fait aujourd’hui à ciel ouvert, avec la complicité d’ailleurs des dirigeants de la Fécafoot. Une pratique qui est à l’origine de la prolifération des équipes de football sans revenus, sans base, sans supporters, sans ambition sportive. L’exode massif des étoiles montantes nationales a dépouillé le championnat du Cameroun de tout son attrait. Les spectateurs désertent de plus en plus les gradins des différents stades à travers le pays. Les rencontres Canon-Union, Tonnerre-Canon, Tonnerre-Union, Union-Racing, etc. (jadis des classiques), ne valent même plus certains matches inter-quartiers.
Pollution à gogo
Le football camerounais souffre de la petite qualité de ses joueurs. Non pas qu’ils sont peu talentueux. Au contraire. Mais que ferait un saint en enfer ? Le football des jeunes (la pépinière du sport-roi), est entre les mains des aventuriers. Ici, l’intérêt pour la soixantaine de millions de Cfa décaissés à la va-vite par la Fécafoot l’a emporté sur le devenir des jeunes footballeurs camerounais. L’environnement footballistique camerounais est fortement pollué, à cause de l’irrespect des textes de base de la Fécafoot taillés sur la mesure de l’inamovible et tout puissant président. Combien de clubs camerounais tiennent leur assemblée générale ou congrès avant le
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début de chaque saison sportive? Combien d’équipes de football affiliées à la Fécafoot ont de siège ? Combien de clubs ont de budget ou de ressources fiables ? Autant d’exigences qu’imposent pourtant les textes de base de la Fécafoot, malheureusement foulés aux pieds, laissant libre cours à une gestion épicière et familiale des équipes, toutes divisions confondues.
Les stades
Depuis 1972, le Cameroun n’a pas réussi à résoudre le vieux problème des infrastructures, trentenaires. Les stades de football au Cameroun n’ont d’omnisports que de nom. Ils sont souvent qualifiés de champs de patates, stades pour water-polo, bourbiers, lacs artificiels et saisonniers. L’expression footballistique est alors un combat de tous les instants pour les joueurs. Pour quel salaire ? Les clubs ne reçoivent que des perfusions de quelques multinationales. Le sponsor est encore à l’ère du soupçon quand il n’est pas simplement artisanal ou familial. Les maigres recettes de stade ne couvrent pas le dixième des dépenses, selon certains dirigeants de clubs de première et deuxième divisions.
Le foot-roi en otage
Sur le triple plan structurel, matériel et financier, le football au pays des Lions indomptables ne se porte pas aussi mieux. Il est balayé par un orage de tripatouillages et de maffias. Les scandales sont à répétition. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest les ligues départementales et provinciales soufflent le chaud et le froid, fabriquent leurs champions. La gestion du sport-roi tant convoitée est emballée dans l’affairisme, le clientélisme, le favoritisme et le paternalisme. Depuis douze ans, le contrôle de cette gestion suscite des intérêts qui ne bénéficient pas toujours au football. Que l’on se souvienne de l’affaire Maha Daher-Pascal Baylon Owona- Mbarga Mboa à la veille de la coupe du monde 1994 ! Que l’on se représente le temps de la Cellule exécutive provisoire (Cep), de la Cig, de la Cpg ! Quelle image retenir de la sulfureuse élection qui opposa Vincent Onana à Joseph Antoine Bell en 1996 ! Que dire de la mise sous mandat de dépôt de Vincent Onana en 1998, remis en liberté plus tard pour non lieu !
Le football camerounais est une plaie pansée sans nettoyage. D’où son difficile redécollage. Il est loin, le temps où le championnat national de première division faisait encore courir les foules, avec ses matches en nocturne aussi. Il est loin, le temps où des équipes camerounaises faisaient de miracles sur la scène internationale, arrachant des jours fériés aux dirigeants du pays. Aujourd’hui, qu’y a-t-il à faire pour sauver le football camerounais pris comme en otage ? A méditer.
Par Noé Ndjebet Massoussi
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