|
|
Batailles : Le gouvernement victime de ses propres contradictions (03.01.2007)
Retrait d’agrément de la Fécafoot : quelle est la marge de manœuvre du gouvernement ?
Ce n’est pas la première fois qu’une menace de retrait d’agrément pèse sur l’instance fédérale du football au Cameroun. Après l’épisode du comité provisoire de gestion (Cpg) de 1995 on se souvient encore de ce duel épique entre le président de la Fécafoot et le ministre de la Jeunesse et des sports (Minjes, aujourd’hui Minsep) à la veille du mondial français de 1998. Joseph Owona, l’agrégé de droit, Minjes à l’époque, pour prévenir le détournement des retombées de cette coupe du monde, avait proposé des modalités de gestion de la manne octroyée par la Fifa. Ce que la fédération dirigée par Vincent Onana n’avait pas approuvé. Devant la résistance, le gouvernement envisage de recourir à la manière forte.
Malgré un faisceau d’indices démontrant des malversations financières, le gouvernement, à travers le Minjes se montrera pourtant incapable de sévir. Il faudra attendre le scandale des 3500 billets vendus illicitement (environ 400 millions engrangés) par la Fécafoot pour que le gouvernement, sur instruction du chef de l’Etat, passe enfin à l’action : l’ouverture d’une information judiciaire contre les présumés coupables. Le 3 juin 1998, Vincent Onana, le président de la Fécafoot est interdit de sortie, son passeport, confisqué et deux jours plus tard, il est mis sous les verrous et remplacé par un président intérimaire qui n’est autre que l’actuel président de la Fécafoot, Iya Mohammed. En somme, il a fallu un scandale international pour pousser le gouvernement, qui avait toutes les preuves de détournement en mains, à agir. Il faudra aussi un événement international pour contraindre le gouvernement à l’action en 2004 dans le cadre de l’affaire du maillot controversé Uniqit : la menace de retrait de 6 points aux Lions Indomptables par la Fifa dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde de 2006. Mais la procédure “ d’impeachment ” n’ira pas jusqu’au bout, stoppé net par la Fifa qui appelle l’Etat et la Fécafoot à s’entendre.
Juge et partie
Face aux errements des responsables de l’instance fédérale du football camerounais, dont le énième en date est l’actualité brûlante autour des Interpoules 2006, le gouvernement du Cameroun peut-il faire comme au Sénégal ou au Kenya où l’agrément a été retiré aux fédérations de football ? Victime de ses propres contradictions, sa marge de manœuvre semble étroite. Pour s’en convaincre, il faut remonter aux dernières revendications d’envergure qui ont secoué la fédération. Malgré de graves accusations formulées contre la Fécafoot par des membres du Comité exécutif avec comme chefs de file Louis Marie Ondoa et Essomba Eyenga, le gouvernement n’avait pas levé le petit doigt. Philippe Mbarga Mboa, le
|
ministre des Sports de l’époque, avait même été désavoué par le Premier ministre dans sa tentative (maladroite) d’y mettre de l’ordre. En lieu et place de la décision de retrait d’agrément, le Minsep avait cru devoir exiger du président Iya Mohammed qu’il démissionne après l’avoir convoqué à son domicile. Fort de ses soutiens, le président de la Fécafoot avait naturellement refusé d’obtempérer. Après les échecs de Mbarga Mboa, que peut Augustin Edjoa ? Le nouveau Minsep dans sa croisade devra d’abord triompher des contradictions de son propre gouvernement, écartelé par les enjeux politiques et financiers de certains de ses membres. Tout comme il devrait se démettre de son statut de président de la ligue départementale de football du Mfoundi, pour ne pas être juge et partie.
Le cas Iya Mohammed
Depuis 8 ans qu’il est à la tête de la Fécafoot, Iya Mohammed semble intouchable. Arrivé presque par hasard, à la faveur des déboires de Vincent Onana son prédécesseur dont il était du reste le premier vice, l’homme s’est sorti de bien de situations difficiles. L’affaire Uniqit, qui a défrayé la chronique en 2004, reste sans doute l’épreuve la plus difficile que l’actuel président de la Fécafoot a passée avec succès. Mise à prix à la suite de ce scandale, sa tête sera sauvée in extremis. Iya Mohammed se sortira par la suite de nombreux pétrins dont le moindre n’est pas la virulente contestation d’une partie de sa propre équipe.
La session du Comité exécutif convoquée pour le démettre désavouera plutôt ses détracteurs en plébiscitant sa gestion par une cinglante majorité. Où le président de la Fécafoot tire-t-il cette capacité à se sortir des situations, même celles qui apparaissent désespérées ? Sous ses prédécesseurs, les Albert Etotokè, Pascal Baylon Owona, Maha Daher, un scandale suffisait pour déclencher les mécanismes de destitution des présumés coupables. Dans la plupart des cas, la mise à mort provenait même de l’intérieur.
Qu’on se souvienne : c’est principalement pour n’avoir pas expliqué la destination d’une somme de 50 millions Fcfa gagnés par les Lions Indomptables en Afrique du Sud en 1993 que Pascal Baylon Owona a été éjecté un an plus tard de la Fécafoot. Rien à voir donc avec les sommes faramineuses que l’instance fédérale du football gère depuis 1998 et dont la gestion est toujours au centre de soupçons de détournement décrié par certains membres de la Fécafoot. V.O. a été éjecté puis mis en taule à la suite du scandale de la billetterie de la coupe du monde 1998. Un séisme semblable à l’affaire de l’Uniqit de 2004. Pourtant Iya Mohammed y a résisté, malgré la pression du gouvernement qui avait sans doute là l’occasion inespérée pour en finir avec lui… Jusqu’à quand va durer l’état de grâce ?
Par Frédéric BOUNGOU
|
|
|
|
|
|
Hits: 4547 | lemessager.net
| | | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|