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RESPECTER L’ARTISTE (25.02.2005)
Samuel Eto’o Fils, l’attaquant international camerounais du FC Barcelone (Espagne), fêtera ses 24 ans le 10 mars prochain, auréolé d’un deuxième titre consécutif de Footballeur africain de l’année, décerné par la Confédération africaine de football (Caf), en collaboration avec l’opérateur de téléphonie mobile Mtn.
Comme en 2003 il devance l’international ivoirien Didier Drogba de Chelsea (Angleterre) avec 116 points contre 90, le Nigérian Augustine Okocha de Bolton (Angleterre) 68 points, le Sud-africain Benedict Mc Carthy du club portugais de FC Porto 31 points, 10 de plus que Emmanuel Adebayor, le Togolais de l’As Monaco.
Le goléador camerounais devient le troisième Camerounais à être ainsi honoré pour la deuxième fois, après ses aînés Roger Milla (1976 et 1990) et Thomas Nkono (1979 et 1982), dans une distinction dominée par les Camerounais. En 34 éditions, le pays des Lions indomptables compte 6 fils en or : Roger Milla, Thomas Nkono, Jean Manga Onguéné, Théophile Abéga, Patrick Mboma et Samuel Eto’o, pour un total de 9 ballons d’or. Le Cameroun distance le Ghana qui compte 5 ballons d’or et 4 pour le Nigeria et le Maroc respectivement.
L’ex-attaquant de Majorque rejoint également El Hadji Diouf (Sénégal 2001 et 2002) dans le clan des doubles lauréats. Mais il lui reste encore une marche à franchir pour côtoyer les légendes ayant réalisé le triplé, le Ghanéen Abedi Ayu ”Pelé” (1991,1992 et 1993) et George Opon Weah du Libéria (1989, 94 et 95) dans cette récompense créée par le journal français “ France Football ” en 1970 et reprise par la Caf depuis 1984.
La reconnaissance du mérite de Samuel Eto’o qui pourtant, a recueilli la majorité des suffrages des 27 Fédérations ayant pris part au vote et en dépit de l’acabit des concurrents, n’a pas été sportivement accueillie au Nigeria où officiels et journaux n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour exprimer leur désapprobation, alléguant un complot des anglophones ou accusant la Caf de faire de la politique.
Ils avaient pourtant des indications pour se faire une idée. Dans le choix du “ Joueur mondial ” de l’année 2004 de l’instance faîtière du football de la planète (Fifa), Eto’o a été classé 14e, le seul africain dans les 35 premiers, à l’issue du vote de 157 sélectionneurs et 145 capitaines, avec 2 votes en première place (Malawi, pays anglophones et St Vincent et les Grenadines), 6 en seconde et 14 en 3e pour un total de 42 points.
Pour le journal français, créateur du ballon d’or africain, dans sa distinction du meilleur joueur évoluant en Europe,
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l’attaquant de l’équipe nationale du Cameroun a occupé le 15e rang avec Kaka, le milieu brésilien du Milan Ac, avec 7 points chacun. Là encore, aucun autre africain n’est classé avant le Camerounais.
Plus proche de nous, Eto’o a été désigné “ Meilleur joueur africain 2004 ” par un bi-hebdomadaire marocain, au terme d’un sondage réalisé auprès de 31 organes de presse d’Afrique d’Europe et du monde arabe. Dans le classement du journal “ Al-Mountakhab ”, le nouveau double ballon d’or africain rafle la mise avec 156 points contre 116 pour son dauphin, l’Ivoirien Didier Drogba. Le Nigérian Austin Okocha ne vient qu’en 5e position avec 12 points.
Chaque jury a ses critères et chaque membre a ses sensibilités. Le “ Joueur mondial ” de la Fifa, Ronaldinho (l’Ukrainien Shevchenko a occupé la 3e marche du podium) n’est pas le “ Ballon d’or ” européen de “ France Football ” Shevchenko (le Brésilien Ronaldinho était en 3e position). Tous évoluent pourtant dans le même continent. De même, le Ballon d’or de France football n’a pas eu à rougir de la récompense de “ Meilleur joueur du Calcio ” décernée à son coéquipier du Milan Ac, le Brésilien Kaka, tous deux disputant le même championnat.
S’il pouvait avoir quelque répugnance au sujet du Ballon d’or africain 2004, on l’attendrait du côté de l’Afrique du Sud ou tout au moins de la Côte d’Ivoire. Le Sud-africain Benny Mc Carthy a tout gagné en 2004 avec son club portugais, Fc Porto : le championnat du Portugal avec, cerise sur le gâteau, la palme de meilleur buteur, la Champion’s League de l’Union européenne de football association (Uefa) et la Coupe intercontinentale. Mais il n’est pas souvent titularisé L’Ivoirien Didier Drogba est recordman africain en montant de transfert pour son départ de Marseille à Chelsea, meilleur joueur de la Ligue 1 française et finaliste de la Coupe de l’Uefa en étant “ Monsieur 50 % ” de l’équipe phocéenne. Mais il a souvent été victime de blessures qui l’éloignent des stades.
Certes Jay-Jay Okocha a été sacré meilleur de la Coupe d’Afrique des nations (Can) Tunisie 2004 avec en prime, l’opportunité d’inscrire le 1000e but de l’histoire de la Can, sans plus et il avait en face le “ phénomène Eto’o ” pour lequel la Caf a récompensé la puissance, l’opportunité, la vélocité et la technique pour un talent constant.
On comprend que le Nigeria digère mal que l’un des joueurs les plus doués de son histoire footbalistique tire sa révérence sans être “ Ballon d’or ” africain, mais le fair play aurait préconisé plus de respect pour l’artiste Eto’o.
Dominique TOUKAS
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