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Marche de soutien à Eto’o Fils : Mbappè Lépé enfin dans sa stèle (10.04.2006)
Ils étaient quelques centaines de manifestants seulement venus soutenir Samuel Eto’o, victime d’actes racistes à Sarragosse le 25 février. Une marche à Douala, partie de la Cité Sic s’est achevée à Akwa avec l’installation d’un portrait sculpté du Maréchal.
Samedi 8 avril 2006. Stade Marion à la Cité Sic, à Douala. Il est 12h30. Quelques banderoles accrochées de part et d’autre du stade indique qu’une réunion se tiendra sur place : “ Marche de soutien à Eto’o Fils. Tous ensemble pour le respect, la concorde et l’amour ”, pouvait-on lire par exemple à l’entrée du stade Marion. A quelques encablures de là, sur un ” des rues qui permet de pénétrer plus loin dans le quartier, des boutiques et autres commerces affichent fièrement des portraits géants d’Eto’o vêtu du légendaire maillot à rayures bleues et rouges. Un véhicule publicitaire diffuse en boucle des musiques et chansons dédiées à Samuel Eto’o en alternance avec la sono. Nguéa La Route et son “ Papa Eto’o ”, ou encore du coupé décalé louant “ Eto’o Fils le mignon garçon ”; “ Eto’o Fils le Lion Indomptable... ”. Dans les tribunes du Stade Marion, environ deux cents personnes sont assises, transpirant à grosses gouttes. Il fait une chaleur accablante. Achille Kotto, responsable gestion et mobilisation du Comité citoyen d’organisation pour les manifestations de soutien à Eto’o Fils, ne sait plus où donner de la tête: “ Les différents sponsors sur lesquels nous comptions, nous ont lâché. Le dernier en date c’est Camtel. Et certains membres du Comité d’organisation ont abandonné le bateau en pleine tempête ”, confie-t-il, dépité. Il faudra attendre un peu plus de 15 heures, pour avoir le premier temps fort de la journée. Deux groupes d’enfants âgés de 8 à 13 ans traversent l’aire de jeu jusqu’à la tribune tenant une pancarte sur laquelle il était écrit: “ Que vous soyez noir ou blanc vous êtes une même personne ”. Un passage très applaudi et tellement émouvant.
Le Maréchal honoré
La manifestation proprement dite débutera autour de 15h30, avec les différents discours de circonstance. C’est d’abord Me Momo Jean De Dieu, président de l’Approce, qui a ouvert le ban: “ Nous sommes là pour combattre les actes racistes dont a été victime Eto’o Fils, notre frère et notre fils...Ce qui est curieux c’est que jamais on a entendu dire qu’un blanc a été victime d’actes
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racistes. Ce sont toujours les noirs. De Martin Luther King à Nelson Mandela, en passant par de nombreux anonymes... ”, a-t-il rappelé. Comme ce jeune étudiant Camerounais récemment abattu en Russie. Puis ce fut au tour du “ Combattant ” Mboua Massock de souligner pourquoi il est si important de barrer la route au racisme d’où qu’il vienne. Et de demander aux Africains en général et Camerounais en particulier de “ se réappropier notre histoire, en célébrant nos héros nationaux. ”. Un propos qui a semblé profondément interpeller le public. Dernier discours, celui de Enyenguè alias Etogoal. L’homme n’a pas tari d’éloges à l’endroit du triple ballon d’or africain et troisième meilleur joueur du monde. Quant aux manifestants, ils ne se posent même pas la question de savoir en quoi la manifestation du 8 avril peut être salutaire: “ Nous soutenons Samuel Eto’o parce que c’est notre porte drapeau dans le monde. Grâce à Eto’o, le Cameroun a acquis une telle notoriété...”, témoigne Mme Bibah Françoise, la présidente du rassemblement des femmes sportives de Pk13.
Il est 16h30. Fini le temps des discours. La marche elle-même peut commencer. Elle part du Stade Marion de la Cité Sic jusqu’au Stade Mbappè Lépè, à Akwa, via BP Cité et Feu rouge Bessenguè. Arrivés au stade Mbappè Lépé, les organisateurs de la manifestation ont installé un portrait géant de celui qu’on surnommait le Maréchal dans la stèle construite depuis plusieurs années à cet effet mais qui était jusque-là désespérémment restée vide. A tel point qu’un déséquilibré mental avait fini par y élire domicile. Eh! oui. La nature a horreur du vide. A 19h30, tout était terminé. Le concert gratuit annoncé pour clôturer la manifestation a été annulé.
On attendait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Il y en aura que quelques centaines. N’empêche, la manifestation de soutien à Samuel Eto’o Fils, victime d’actes racistes de la part des supporters de Sarragosse, une nouvelle fois le 25 février dernier, lors du match de football opposant cette formation au Fc Barcelone. Mais le samedi 8 avril.2006 restera à jamais gravé dans les mémoires. C’est incontestablement l’une des rares fois qu’au Cameroun, le peuple se lève pour dit nom au racisme et à la xénophobie. Et rien que pour cela on peut dire bravo aux organisateurs de la manifestation.
Par Jean-Célestin EDJANGUE
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