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Elections verrouillées: A la Fécafoot comme au Rdpc (12.04.2004)
Melvin AKAM
Le bureau sortant de la fédération de football s’est taillé un code électoral sur mesure.
La tradition qui veut depuis 1996 que les élections à la présidence de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) soient parmi les plus courues du pays sera peut-être encore respectée cette année. Alors que les ligues départementales et provinciales s’animent, à la recherche de leurs dirigeants, deux candidatures sont d’ores et déjà annoncées au niveau national. Iya Mohamed le président sortant sollicite un nouveau mandat , avec un bilan qui, sans être mauvais au chapitre des résultats sportifs, a à son passif la déchéance affirmée du football local. Il va devoir affronter son prédécesseur Vincent Onana qui a le courage de revenir, alors que bruissent encore les clameurs qui le poursuivent depuis la Coupe du monde France 98. En coulisses, d’autres candidatures s’activeraient, comme celle probable de Jean-Baptiste Nguini Effa, le directeur général de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (Scdp).
Les règles du jeu définies par les textes de la Fécafoot n’annoncent pourtant pas une élection ouverte. On peut même dire qu’elle est déjà verrouillée. Il n’y a qu’à lire, pour s’en rendre compte, l’article 2 du règlement intérieur de la fédération qui fait la part trop belle à l’équipe sortante. Celle-ci peut compter en sa faveur, 44 des 169 délégués qui constituent l’assemblée générale élective…avant même que ne commencent à la base les élections qui désignent les délégués électeurs. En effet, les 30 membres du conseil d’administration sortant sont d’office délégués à la prochaine assemblée élective. Ce qui est une véritable absurdité. La logique démocratique aurait pourtant voulu que ces administrateurs sortants retournent à la base solliciter un nouveau mandat de membre de l’assemblée générale. Mais à la fédération camerounaise de football, on ne connaît visiblement pas cette logique-là. Et, quand on est élu au conseil d’administration pour 4 ans, on devient de fait membre de l’assemblée générale pour 8 ans ! Un peu comme si on décidait que les membres du bureau de l’Assemblée nationale sont d’office députés pour l’autre législature à venir, sans avoir à participer aux primaires de leurs partis politiques, ni même à se
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présenter aux prochaines élections législatives.
Dés pipés
Ces 30 administrateurs sortants sont acquis, sur le papier, au président sortant. Ils ont été élus sur la même liste que lui il y a 4 ans, pour ne pas dire qu’ils ont été choisis par lui. En dehors d’eux, le président de la fédération qui est candidat à sa succession a encore la possibilité de désigner 8 de ses électeurs. L’article 2 du règlement intérieur réserve en effet 2 places de membres de l’assemblée générale à chacune des ligues nationales suivantes : football féminin, futsal, football corpos et vétérans, football jeunes. Ces ligues qui n’ont jamais été créées, existent encore comme commissions spécialisées de la fédération dont les représentants sont choisis par le président de la Fécafoot. A cette liste, il faudrait ajouter les 6 places laissées aux corps de métiers (joueurs, arbitres, entraîneurs) dont les associations sont agréées de façon discrétionnaire par le président de la fédération.
On remarquera que cet article 2 du règlement intérieur de la fédération camerounaise de football fait partie des textes adoptés lors de l’assemblée générale extraordinaire du 29 avril 2003. C’est-à-dire il y a juste un an. Il est difficile dans ces conditions, de ne pas penser que ceux qui l’ont élaboré n’avaient pas déjà les élections de 2004 en tête. De là à croire que le bureau sortant s’est taillé un code électoral sur mesure, il n’y a qu’un pas. Il serait surprenant en tout cas que l’assemblée générale élective de ce mois d’avril aboutisse à un chamboulement des hommes et des idées. Le milieu du football camerounais est un repoussoir des idées neuves et des hommes nouveaux. Les murmures qui prêtent à certain candidat un budget de 300 millions de francs cfa pour acheter une majorité, préparent déjà la consécration au soir des élections, d’un homme du sérail. Un de ces 25 tigres qui tiennent le football camerounais en laisse depuis une décennie, s’embrassant et se bousculant au gré des intérêts qui ne sont pas toujours ceux du foot.
Quelle occasion pourtant, une élection ! un moment de choix pour une confrontation d’idées et de programmes, afin de repenser le football camerounais et lui redonner une âme en cette année où il rentre résolument dans un nouveau cycle de défaites et d’échecs.
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