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Matches amicaux :Les Lions Indomptables otages de la bataille Fécafoot-Minsep (28.11.2006)
Le contrôle des retombées financières des matches amicaux de l’équipe nationale au centre de la dispute.
C’est connu depuis plusieurs jours. Les Lions Indomptables ne livreront pas de match amical au mieux, avant février 2007. Malgré l’aménagement, par la Fifa d’un calendrier international dédié à cet effet. Le seul – contre la sélection catalane – initialement programmé pour le 28 décembre 2006, a été renvoyé à cause d’un désaccord sur les termes financiers. “ Nous ne pouvons pas engager notre équipe nationale si certaines conditions ne sont pas remplies ”, expliquait alors Iya Mohammed, le président de la Fécafoot à Camfoot.com. La partie camerounaise jugerait insuffisante la somme de 105 mille euros proposée (environ 69 millions Fcfa) par les Catalans et exigeraient une revalorisation de 15 000 euros (environ 9 millions Fcfa) sur le montant initial. Cette rencontre serait donc compromise pour… 9 maigres millions Fcfa. Des broutilles pour une fédération qui, depuis plusieurs années, manipule des centaines de millions Fcfa. “ Les joueurs, principaux concernés, ne comprendraient pas ”, justifiait Iya Mohammed.
Cette raison pécuniaire, que certains, le président de la Fécafoot en premier, veulent présenter comme essentielle au report de cette confrontation, convainc très peu. D’autant que, selon les mêmes sources, plusieurs autres sélections se bousculeraient au portillon des Lions Indomptables. On parle ainsi de l’Autriche et de la Suisse… Bien plus, ces pays seraient prêts à payer le juste prix réclamé par les négociateurs camerounais. Alors question : si tant est que c’est le montant de l’argent le problème, pourquoi ne pas se rabattre sur ces pays ? En fait, la vraie raison est ailleurs. C’est que, l’organisation des matches amicaux fait l’objet d’une bataille rangée entre le Minsep et la Fécafoot pour le contrôle de la manne financière qui en découle.
Collusions
Pris entre les deux feux, Artur Jorge, l’ex-entraîneur des Lions Indomptables, s’était contraint à présenter sa démission avant le terme de son contrat fixé en juin 2006. Entre autres raisons, le Portugais avait évoqué le non-respect de l’article 2 du contrat. Il stipule dans son alinéa 4, que “ toutes les décisions concernant l’aspect sportif devront obtenir l’accord de l’entraîneur que ce soit pour l’organisation et le choix des adversaires pour les matches amicaux, que le programme de préparation. ” Avant la Can 2006 par exemple, Artur Jorge avait marqué son désaccord pour un match de préparation face au Zimbabwe, en vain.
Autre affaire qui illustre cette rivalité : le match amical de Bilbao. En juillet 2005, le président de la Fécafoot signe un engagement avec la sélection basque pour le mois de décembre de la même année. Le dossier y relatif est adressé au ministre des Sports de l’époque. La rencontre devait rapporter quelque 80 000 euros (au moins de 50.000.000 Fcfa) hors taxes et honoraires. Court-circuitant cette plate-forme, le ministère conclut un match avec la sélection catalane pour le même mois de décembre 2005. Si à la Fécafoot on nie avoir été
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consulté,au ministère, on brandit la signature du directeur général Patrick Prêcheur au bas du document pour dire le contraire. Le Français aurait-il été dupé par l’anglais, langue utilisée pour rédiger cet accord ? Toujours est-il que face au refus de la Fécafoot de prendre part à la rencontre, les Catalans menacent de porter plainte au Minsep. On apprendra plus tard que certains cadres de la Fécafoot étaient entrés en collusion avec le ministère…
Qui doit organiser les matches amicaux des Lions ?
Avec la signature le 18 décembre 2000 d’une convention entre le Minsep (Minjes à l’époque, Ndlr) et la Fécafoot, on croyait pourtant que ce type de querelle était définitivement résolue. A l’évidence, les appétits financiers des uns et des autres dépassent ce cadre. L’accord qui détermine les obligations de chaque partie à l’occasion des rencontres internationales des équipes nationales de football, n’arrive pas à régler la question des compétences. Qui doit organiser les matches amicaux de l’équipe nationale et pourquoi ? La réponse à cette question permettrait sans doute de mettre un terme définitif à ces joutes extra sportives. Mais là encore, toutes les voix ne s’accordent pas toujours. La plupart des observateurs avertis pensent que ce rôle est naturellement dévolu à la fédé. Ils s’appuient à cet effet sur les exemples des autres pays. Au Minsep, on s’appuie sur le fait que l’équipe nationale relève de l’Etat pour revendiquer plus qu’un droit de regard sur sa gestion.
Appelée à arbitrer la dispute, la Fédération internationale de football association, Fifa, coupe la poire en deux. Dans une correspondance le 10 novembre 2004, l’instance faîtière du football mondial dit précisément “ que la gestion des équipes nationales revient aux fédérations et non pas à des entités externes. A cet effet, la convention Fécafoot-Minsep devra préciser que la fédération assume l’intégralité de la gestion administrative, sportive et technique des équipes nationales alors que les instances gouvernementales compétentes assument la gestion financière et les aspects liés à la sécurité. La Fifa formule aussi une exhortation : “ il est essentiel de créer une commission mixte Fécafoot/Minsep (Minjes à l’époque, Ndlr) pour la gestion des aspects liés aux finances, à l’organisation des matches internationaux et à la sécurité ”.
S’agissant de la dispute entre l’autonomie ou l’indépendance des fédérations, la Fifa souligne que “ les fédérations de football jouissent de l’autonomie et non de l’indépendance par rapport aux instances gouvernementales de tutelle. Celles-ci peuvent évidemment définir le cadre légal et institutionnel qui permette le développement optimal du sport dans leur pays. Notamment, les instances gouvernementales ont le droit de regard et de contrôle sur l’utilisation des subventions publiques accordées à la fédération. En cas de problème, il faut qu’un dialogue soit immédiatement établi avec la Fifa pour trouver rapidement des solutions adéquates respectueuses de la loi nationale et des principes sportifs internationaux. ”
Par Frédéric BOUNGOU
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