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Sakio Bika : Je veux devenir comme De La Hoya et Don King (23.09.2010)
Le super moyen camerounais de 31 ans, qui a émigré en Australie après les JO de Sydney 2000 devenant champion du monde Ibo, nourrit encore plus d’ambitions pour sa carrière et pour la boxe camerounaise.
Dans quelles conditions êtes-vous devenu boxeur professionnel en Australie?
Je faisais partie de l’équipe du Cameroun lors des Jeux olympiques de Sydney, en 2000, et c’est là-bas que j’ai été approché par un promoteur de boxe, un ancien champion du monde nommé Jeff Finish. Ce dernier m’a proposé de travailler avec lui, avec un contrat de deux ans à la clé qui me permettait d’avoir un permis de travail. C’est ainsi que je suis resté en Australie, même si mon rêve initial était d’aller boxer aux Etats-Unis ou en France. Et voilà, ça fait dix ans que je suis boxeur professionnel en Australie et je m’y sens plutôt bien.
Les débuts n’ont-ils pas été difficiles ?
Si ! Ce fut effectivement très difficile au début. Il y avait d’abord la barrière de la langue, parce qu’à l’époque je ne maîtrisais pas l’anglais et c’était compliqué de communiquer avec les dirigeants et les coéquipiers. Les conditions de travail étaient aussi dures ; quand tu es nouveau quelque part, tu prends ce qu’on t’offre. Mais, à force de travail, j’ai fini par m’adapter et à devenir l’un des boxeurs les plus en vue, ceux là dont on parle dans le monde entier. Aujourd’hui, la souffrance du début est derrière moi, et j’ai atteint un niveau où je peux exiger un montant précis avant de monter sur le ring.
Vous voulez dire que vous vivez aisément de votre métier de boxeur…
Oui, je n’ai pas à me plaindre. Après avoir gagné des titres nationaux et continentaux au Cameroun comme amateur, j’ai découvert le haut niveau en devenant professionnel en Australie. Je suis désormais très connu, j’ai remporté le championnat du monde version International Boxing Organisation (Ibo) en 2008, et j’ai aussi gagné en 2007 le «Contender», l’un des prix les plus prestigieux aux Etats-Unis. Je suis sollicité aux quatre coins du monde.
Pourquoi donc rester dans Ibo qui, dans la galaxie du monde de la boxe professionnelle, est tout de même loin du prestige des grosses fédérations internationales comme Wba, Wbc, Ibf ou Wbo ?
C’est clair que je ne peux pas me réjouir d’être seulement champion du monde Ibo. Je veux aller plus loin, et c’est pourquoi je suis entré dans l’écurie de Oscar de La Hoya qui, j’espère, va me permettre de «challenger» des champions de ces fédérations dont vous parlez et dans lesquelles lui-même s’est taillé un palmarès impressionnant.
Vous savez, la boxe professionnelle est un monde très complexe et une affaire très lourde. Le mérite du boxeur seul ne suffit pas pour atteindre les cimes ; il faut être bien entouré. Il faut être connu, être capable de déplacer des chaînes de télévision pendant les combats. J’ai déjà atteint cette notoriété, mais je rêve aussi du prestige d’un championnat du monde Wbc, Wba ou Ibf, et c’est pourquoi je suis désormais managé par cet ancien grand champion de notoriété mondiale, Oscar de La Hoya.
Quels
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liens avez-vous gardés avec la boxe camerounaise ?
Des liens très forts. Mon ancien entraîneur provincial dans le Littoral, Gilbert Botogo, les entraîneurs nationaux Mbanga et Tchuem, ce sont des personnes qui me sont chères, et avec qui j’ai gardé de bons contacts.
Mais vous êtes devenu Australien et ne pouvez-plus faire partie de l’équipe du Cameroun ?
La nationalité australienne a facilité ma progression dans le métier. Mais, de toutes les façons, aux Jeux olympiques ce sont les boxeurs amateurs qui sont admis. Une fois qu’on devient professionnel, on ne peut plus faire partie de l’équipe de son pays. Maintenant, je peux disputer un championnat du monde en arborant les couleurs du Cameroun, car je reste Camerounais et j’aime beaucoup mon pays. A l’étranger, et même ici, des gens pensent, en regardant mes combats à la télé, que je suis peut-être un Américain, mais je suis bel et bien Camerounais.
Je veux aider l’équipe nationale et les jeunes qui sont au pays, afin qu’ils entretiennent aussi le rêve de devenir champion d’Afrique, champion olympique ou champion du monde. Je compte m’appuyer sur mon expérience du circuit international pour faire aussi avancer les choses au niveau de la boxe camerounaise. Pour ce voyage, je n’ai rien préparé, parce que je suis venu uniquement pour l’enterrement de mon père. Prochainement, je compte poser des actes forts en faveur de la boxe camerounaise. Déjà, lors de mon séjour en 2008, j’avais offert des équipements à la ligue provinciale du Littoral, là où mon aventure avec les gants a commencé.
Pensez-vous déjà la reconversion?
Bien sûr qu’à 31 ans, je dois y penser. Au Cameroun, j’ai le projet de créer un club de boxe et ouvrir des salles de boxe, pour donner au noble art ce qu’il m’a donné. Je rêve aussi de devenir un grand manager et promoteur de boxe professionnelle, à l’image de Oscar de La Hoya ou de Don King, le grand boss du circuit international. A partir d’une telle position, je pourrai davantage aider mes jeunes compatriotes qui ont choisi de faire de la boxe.
Et vous-même, comment vous êtes-vous retrouvé dans cette discipline sportive?
Tout jeune, comme tous les Camerounais, j’étais porté plutôt vers le football. Mais je me suis blessé au genou, ce qui m’a éloigné des terrains du foot pendant un temps. Alors, comme j’habitais à New-Bell, près du camp de l’Unité, j’ai commencé à aller d’abord regarder les entraînements des boxeurs, puis j’ai commencé moi-même à faire de la boxe, au départ simplement pour le plaisir, sans intention d’en faire une carrière. Et puis, j’y ai pris goût. J’ai alors décidé de devenir boxeur, de ressembler aux glorieux aînés comme les médaillés olympiques Joseph Bessala et Martin Ndongo Ebanga. Ces derniers, que j’admirais à distance, nous ont d’ailleurs accompagnés aux Jeux olympiques de Sydney. Bref, j’ai pu réaliser mon rêve, côtoyer de glorieux anciens boxeurs, devenir champion du Littoral, du Cameroun, d’Afrique centrale, d’Afrique, participer aux Jeux olympiques, et aujourd’hui parmi les meilleurs boxeurs du monde de ma catégorie.
Propos recueillis par Emmanuel Gustave Samnick
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