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Lions Indomptables : Les raisons de la colère (19.11.2004)
Si la sévère déconvenue subie jeudi soir par les Lions Indomptables face à la Mannschaft (0-3) est manifestement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, de multiples raisons expliquent la colère du ministre de la Jeunesse et des Sports qui est aussi celle des fans de l’équipe nationale du Cameroun. Voici exposées, succinctement, les principales causes du courroux.
1- Les piètres prestations et les mauvais résultats
Depuis la phase finale de la coupe d’Afrique des nations en Tunisie en janvier-février 2004, la qualité des prestations des Lions Indomptables devenait de plus en plus médiocre. Le Cameroun n’arrivait plus ni à convaincre ni à séduire, sur les plans physique, technique et tactique. Il a été tenu en échec notamment par la Libye et le Soudan. Qui l’eût cru! Les piètres prestations se sont traduites concrètement par l’accumulation de mauvais résultats. Détenteurs du trophée et donnés parmi les favoris, les Lions Indomptables ont été éliminés de la CAN 2004 en quart de finale. En onze matchs, ils ont enregistré quatre défaites, quatre nuls et trois victoires. Conséquences immédiates : les Lions Indomptables sont très proches de l’élimination dans la course vers la phase finale de la coupe du monde 2006 en Allemagne ; leur participation à la CAN 2006 est hypothéquée ; dans le classement mondial de la FIFA, ils ont dégringolé de la 12e place en mai dernier au 22e rang en novembre 2004.
2 — Les méthodes de sélection
En principe, l’entraîneur des Lions Indomptables est l’unique sélectionneur des joueurs de l’équipe nationale. Dans le cas de Schäfer, il s’est contenté souvent de l’escouade qu’il a trouvée, dans l’ensemble des joueurs professionnels, sans tenir compte de la forme du moment. Ses recherches se sont très rarement orientées vers les joueurs locaux ou d’autres joueurs professionnels susceptibles d’assurer la relève. Au demeurant, la responsabilité de sélectionner n’était pas l’exclusivité de l’entraîneur. Certains footballeurs camerounais évoluant à l’étranger se sont même plaints de l’influence néfaste de quelques joueurs titulaires qui auraient imposé des noms à l’entraîneur. Souvent, des responsables administratifs de l’équipe nationale de football ont fait parvenir à la presse des listes de sélectionnés différentes de celles de
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l’entraîneur.
3- L’indiscipline des joueurs
Le contexte évoqué ci-dessus a fait le lit de l’indiscipline des joueurs. L’on se rappelle par exemple des accusations feutrées portées par Lucien Mettomo contre le capitaine Song Bahanag, accusé à tort ou à raison de se substituer à l’entraîneur et de créer des clans au sein de l’équipe nationale. Cette indiscipline s’est aussi fréquemment manifestée par l’irrespect du règlement intérieur, lors des entraînements ou des rendez-vous internationaux, chaque joueur choisissant à sa guise l’heure de gagner le lit et pourquoi pas, éventuellement, avec qui. Quand l’environnement n’est pas propice à la discipline, les résultats s’en ressentent sur l’aire de jeu.
4- Les choix de l’entraîneur
Au-delà des problèmes relatifs à la sélection des joueurs, les choix tactiques de l’entraîneur Schäfer sont apparus de plus en plus contestables. Ils étaient même contestés par certains joueurs et par la presse spécialisée. Qui remplacer et à quel moment ? Il en est ainsi par exemple de l’entrée de Ndiefi deux à trois minutes avant la fin du match contre l’Allemagne. Pourquoi est-il entré et pour quel but ? Schäfer, certes, ne porte pas tout seul le poids de tous les péchés. Mais il était reproché à l’entraîneur de manquer de plus en plus d’autorité. Il ne réussissait plus à instaurer la discipline parce que, semble-t-il, englué dans des considérations claniques ou des liaisons d’affaires.
Le lieu de résidence de l’entraîneur a aussi suscité des polémiques. Après maintes tractations, il lui a été assigné une villa au quartier Bastos et un véhicule de service. Mais il n’a jamais résidé au Cameroun, préférant demeurer en Allemagne d’où il pilotait ses sélections.
5- Un affairisme rampant
Enfin, du côté de plusieurs joueurs comme de celui de l’entraîneur ainsi que de certains responsables administratifs, un affairisme rampant aurait de plus en plus gagné les Lions Indomptables. Les échos de la coupe d’Afrique des nations de 2004 comme ceux de matchs amicaux feraient état de querelles nées de la répartition de prébendes et de dessous de table distribués par le sponsor ou distillés par d’autres sources de financement. Autant de causes et bien d’autres dont il s’avère utile de tirer des leçons pour un avenir plus serein.
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