|
|
Françoise Mbango au bercail : Bal de vautours autour de l’or olympique (10.09.2004)
Le retour de la triple-sauteuse championne olympique en titre a été récupéré à des fins politiques par l’establishment
Françoise Mbango Etonè, la médaillée d’or du triple saut aux récents Jeux olympiques d’Athènes est au pays. Attendue par ses nombreux fans depuis son sacre historique du 23 août sur la terre originelle des Jeux, la championne olympique a enfin foulé le sol du Cameroun, mercredi 8 septembre au terme d’une attente de 17 longs jours due à l’atermoiement des fonctionnaires du ministère de la Jeunesse et des sports. Bien que prévu, le retour au pays natal de l’enfant de Bomono a plutot pris les autorités au dépourvu (voir le Messager du mercredi 8 septembre 2004). Prises de court, elles n’ont eu que le temps de parer au plus pressé: mettre en oeuvre le dispositif de récupération politique visant à s’approprier la victoire de la championne quitte à sacrifier le volet officiel de l’accueil.
A l’escale de Douala où elle est arrivée aux premières heures de la matinée du 8 septembre (à 5 heures 13 minutes exactement), Françoise Mbango n’a pas eu droit à un accueil dû à son rang. A l’aéroport international de Douala, aucune disposition particulière n’est mise en place. On ne note pas par exemple une grande mobilisation populaire ni dans le hall ni aux abords immédiats. L’heure très matinale n’explique pas tout. Au bas de la passerelle pour accueillir l’illustre athlète, seulement quelques officiels subalternes hâtivement dépêchés sur place par la hiérarchie pour essayer de sauver la face des pouvoirs publics. En lieu et place du gouverneur du Littoral, René Nondjé, le délégué provincial du Minjes, Jean Paul Nanga Abanda, le délégué provincial de la Communication et quelques proches collaborateurs de Gounoko Haounaye, un comité d’accueil officiel plutot discret. Pas de grands discours, juste quelques paroles de circonstance pour souhaiter la bienvenue à l’athlète et lui réitérer les félicitations du gouvernement de la république.
Justifier l’incurie
A coté de cette présence officielle très légère, Françoise Mbango Etonè a eu droit à une grande mobilisaton du parti des flammes qui est apparue un peu démesurée. Le salon d’honneur de l’aéroport international de Douala est littéralement assiégé par les militants du Rdpc. Parés aux couleurs de ce parti politique, ils sont venus nombreux “ témoigner la sympathie de leur président national à cette patriote qui a beaucoup fait pour la nation, avec peu de moyens ” confie un responsable de sous-section rencontré à l’aéroport. La sémillante Françoise Foning, député-maire de l’arrondissement de Douala 5ème, l’une des responsables de cette forte présence partisane ne dit pas autre chose. “ Nous sommes ici pour encourager notre compatriote dont la victoire à Athènes est l’expression de la volonté et de l’abnégation. Un bel exemple pour toute la jeunesse de notre pays. ” dira-t-elle à la presse.
“ Dans sa ferveur, Françoise Foning a oublié de porter ses boucles d’oreille et se rattrape ici, à l’amusement de tout le monde”, écrit notre confrère Cameroon Tribune. En bête politique avisée, Françoise Foning ne s’arrête pas là. Elle décide d’accompagner la
|
médaille d’or à Yaoundé. Au grand désespoir de certains camarades du parti de Yaoundé. En effet, Françoise Foning, réputée très envahissante, ne lâche pratiquement pas sa médaillée olympique dans le faste protocolaire de l’aéroport Yaoundé- Nsimalen. Le parti est bien représenté ! N’en déplaise à Grégoire Owona qui, de son propre aveu, avait personnellement mobilisé les militants du Rdpc pour la circonstance.
Du côté gouvernemental, la volonté de récupération est également perceptible. Le ministre de la Jeunesse et des sports, manifestement encore sous le coup de ses relations difficiles avec la star du jour, est de la fête. A son corps défendant constate -t- on. Siegfred Etame Massoma arbore le masque et ne se risque dans aucune déclaration. Juste des échanges polis imposés par les exigences protocolaires. Mystère sur la prime de participation (de 500000fcfa) payée à tous les athlètes camerounais de Athènes 2004 sauf à Françoise Mbango. Clair- obscur sur la batterie de propositions du ministère de tutelle à la hiérarchie en vue de récompenser à sa juste valeur la médaillée olympique.
Le mutisme du ministre des Sports tranche paradoxalement avec l’enthousiasme lyrique de certains collègues du gouvernement. Illustration avec deux dames, membres du gouvernement. Catherine Bakang Mbock, détentrice du portefeuille de la condition féminine, salue la politique de promotion de la femme définie par le président Paul Biya. Mais, madame la ministre n’annonce aucune mesure prise par son département pour soutenir la championne qui honore le Cameroun tout entier. Le Dr Cécile Mbomba Nkolo fait également feu de tout bois. Juste des félicitations et rien d’autres du ministère des affaires sociales. Pourtant, certaines difficultés de Françoise Mbango relèvent effectivement de son domaine.
Parade
Le Cercle des amis du Cameroun (Cerac) a aussi chanté et dansé à l’aéroport international Yaoundé- Nsimalen. Le Cerac, sorti de ses douillets bureaux et appartements, est venu rendre hommage à une fille du pays, qui est loin de vivre le bonheur facile de ces dames bien de là-bas. L’attrait de l’or est vraiment irrésistible, surtout pour ces dames dont l’amitié est tributaire de l’épaisseur du porte - monnaie et de la classe sociale. Paillettes et glamours dictent la loi dans ce monde-là.
Face à ce superflu et ce superficiel, Françoise Mbango est restée égale à elle - même. Point de grosse tête. Encore moins de défiance. L’athlète a gardé son sourire. Elle a accepté toutes ces attentions, sans pour autant oublier ses origines et tous les impératifs liés à sa carrière sportive. Installée aux frais de l’Etat à l’hôtel Mont Fébé de Yaoundé, elle enfourche néanmoins les chemins escarpés de son quartier d’enfance pour faire la visite aux siens et communier avec le voisinage. Les entraînements ne s’arrêtent pas non plus. Chaque après-midi, au stade omnisports de Yaoundé: séance de travail avec au menu du footing. Les multiples sollicitations familiales et de la presse ne sont pas en reste. En attendant de présenter la médaille au président de la République et au peuple camerounais.
Par Thierry NDONG et Frédéric BOUNGOU
|
|
|
|
|
|
Hits: 3945 | lemessager.net
| | | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|